À la Une: la sidérante mutinerie de Prigojine

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Qualifiée, le samedi 24 juin, de « coup de poignard dans le dos » par le président russe Vladimir Poutine, c’est peu dire, en effet, que cette mutinerie d’Evgueni Prigojine, chef du groupe paramilitaire Wagner, a sidéré la presse. « La confusion », lance la Une du Parisien ce dimanche 25 juin. Comme le souligne le journal, dès le 24 juin, « les capitales occidentales se sont claquemurées, entre sidération et recueil de renseignement (…) Les téléphones ont chauffé toute la journée ». Dans Le Parisien dimanche, un « familier du Quai d’Orsay » - autrement dit une source diplomatique de ce journal - estime que ce « tournant » dans la guerre va probablement « désorganiser un peu plus l’armée russe, augmenter ses pertes et sa démobilisation. Et, inciter les Ukrainiens à accélérer leur contre-attaque ». Y voyant « un coup dur pour Poutine, sa crédibilité, son autorité », cette même-source prédit dans Le Parisien que « ses alliés autoritaires vont perdre confiance en lui. Les Chinois, les Iraniens, les Turcs n’aiment pas les alliés faibles et perdants. Le président russe se voulait tout-puissant face à un Occident prétendument décadent. Le mythe de Poutine l’invincible, c’est fini ! ».De son côté, dès les premières heures de la mutinerie, le samedi 24 juin, le journal Le Monde voyait dans la mutinerie de Prigojine « un révélateur dévastateur sur l’état (…) de la Russie », un État « réduit à la compétition mortifère de factions », Le Monde voyant dans cette tentative de coup de force « la mise à nu de la Russie de Poutine ». Journée des dupesSans attendre, samedi 24 juin, la presse internationale évoquait une vraie « guerre ouverte » en Russie. Ainsi, en Allemagne, le journal Frankfurter Allgemeine Zeitung y voyait-il une « menace mortelle » pour Poutine, soulignant que si les conflits dans les « hautes sphères » du Kremlin font partie de son règne, « aucun n’a jamais été aussi hors de contrôle. Par conséquent, la rébellion des mercenaires de Wagner est extrêmement menaçante pour le président », voulait croire le Frankfurter Allgemeine Zeitung. Au Royaume-Uni, le secrétaire d’État à la Défense estimait dans le journal The Guardian que l’offensive armée lancée de Prigojine représentait « le plus grand défi pour l’État russe de ces dernières années ». Prudemment, Ben Wallace préférait toutefois attendre « les heures à venir » afin de vérifier « la loyauté des forces de sécurité russes, en particulier la Garde nationale » vis-à-vis de Vladimir Poutine. The Guardian signalait aussi qu’en Italie, la Première ministre Giorgia Meloni discernait dans la rébellion armée lancée par Evgueni Prigojine « un retour de bâton pour Vladimir Poutine », le gouvernement italien assurant suivre de près l’évolution de la situation en Russie, y voyant une conséquence de l’agression de l’Ukraine provocant « de l’instabilité à l’intérieur du territoire russe », souligne donc The Guardian.Et, tandis qu’en Italie-même, le journal La Repubblica se bornait prudemment à relever que l’Otan « surveille la situation » en russe.Le site américain Politico reprochait à Vladimir Poutine d’avoir fait surgir « le spectre d’une guerre civile » dans son pays, en dénonçant une « trahison » et en appelant les mutins de Wagner à déserter. « Signe que la menace de guerre civile n’a rien de rhétorique », le chef de guerre Tchétchène Ramzan Kadyrov, « l’un des plus solides soutiens de [la Russie] dans la guerre en Ukraine », a annoncé envoyer des troupes sur le sol russe pour combattre les mercenaires de Wagner, relevait hier Politico. Mais ça, c’était avant. Avant le coup de théâtre de Prigojine, qui arrêtait sa marche vers Moscou. Une vraie journée des dupes.

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