À la Une : Evgueni Prigojine meurt dans un crash d'avion
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« Le crash », voilà ce qu’on peut lire sur la première page de Libération. « Prigojine, un putsch qui se paie cash », écrit le quotidien, pas avare d’assonances ce matin. S’ensuit un article qui retrace l’annonce de ce crash et un édito, intitulé « Message mafieux ».Indice laissé avant cette comparaison : « cette mort ‘accidentelle’ était aussi prévisible que l’exécution par Michael Corléone d’un lieutenant infidèle dans Le Parrain ». Libé ajoute d’un souffle : « que de fonctionnaires trop honnêtes sont tombés d’une fenêtre ouverte, que d’enquêteurs trop indépendants ont bu un thé empoisonné ».Libé assume et déclare ensuite, toujours dans son édito, « Poutine veut faire le ménage ». D’une page à l’autre, on découvre cette photo de feu Prigojine, recevant Vladimir Poutine dans son restaurant. Ce dernier, au visage mi-épaté mi-dégoûté, se met à table.« Seigneur de guerre »« Le tonitruant homme d’affaires », « seigneur de guerre » sont quelques-uns des qualificatifs qui reviennent souvent dans la presse, tout comme celui de « cuisinier du Kremlin ». Libé retrace l’itinéraire emprunté par Prigojine. « Le restaurateur voyou au crâne rasé et au regard torve, devenu l’un des visages les plus visibles de la guerre en Ukraine à coup de com’ agressive, langage grossier […]...... se définissait avant tout comme un patriote », nous raconte le quotidien.Patriote qui se rêvait en skieur professionnel mais se retrouve vite pris dans l’avalanche de la délinquance et des ennuis judiciaires pour finalement débuter son ascension par les hot-dogs, jusqu’à arriver à la restauration de luxe. C’est à ce moment-là qu’il fait la connaissance de Vladimir Poutine, alors conseiller au maire. Libération nous raconte ensuite les différents virages pris par l’homme d’affaires, jusqu’à Wagner. Libé écrit : « il n’y a pas à dire, tout dans la vie de [Prigojine] relève du romanesque, de l’impensable ».« Propos au bazooka »Dans la même veine,le Figaro qualifie ce parcours d’épopée. Dans son article, le quotidien avance : « la face sombre du pouvoir de Poutine avait un visage : c’était celui mafflu et chauve d’Evgueni Prigojine ». Visage longtemps resté dans l’ombre, précise encore Le Figaro. « L'agression contre l’Ukraine va tout changer, comme si cette guerre, en exposant les faiblesses du système russe, avait joué les accélérateurs de particules dans la boîte noire du pouvoir, aiguisant les rivalités et les haines » écrit Le Figaro, « le très effacé Prigojine va laisser éclater ses ambitions, en s’appuyant sur ses ‘talents’ : la propagande et la violence armée ».Le journal qualifie Prigojine de super-communicant, « propos au bazooka » lit-on, « pas une semaine sans qu’il donne de la voix ». De l’autre côté, les cibles s'appellent Choïgou et Guérassimov, respectivement ministre de la Défense et chef d’état-major russe.Or Le Figaro ajoute que « dans un monde où les querelles et les rancœurs ne sortent normalement pas hors les murs du pouvoir, ces insultes publiques détonnent ». Trop engagé, explique le journal, ou trop enivré par ses propres mots, nous voilà à présent fin juin dernier et cette rébellion avortée qui signe la fin de l’épopée. « On voit encore Prigojine parader au sommet Russie-Afrique de Saint Pétersbourg en juillet, puis, ces derniers jours sur le terrain au Sahel […] il ne sait pas que ses jours sont comptés. Ou le sait-il ? » interroge Le Figaro.Une analyse est également à lire dans Le Parisien-Aujourd'hui en France de Carole Grimmaud. Cette spécialiste de la Russie dit voir dans ce crash « un signal adressé aux élites et à l'armée, une mise en garde », selon elle. « Poutine leur dit : voilà ce qui vous attend si vous cessez d'être loyal ». À la question : que pourrait devenir Wagner ? Carole Grimmaud reste évasive « Wagner est trop important en Afrique [...] il y aura un changement de leadership. Mais ses activités et sa présence [...] perdureront probablement ».« Quand la guerre sera terminée »Wagner qui a joué un rôle important en Ukraine. Et justement, le journal La Croix met le pays en Une alors qu'il célèbre aujourd'hui sa fête nationale. Et après plus d'un an de guerre, cette fête au goût amer offre un sentiment de déjà vu. « Ukraine, un front figé » nous dit La Croix, avec une photo de deux soldats ukrainiens en plein entraînement près de Koupiansk, dans la région de Kharkiv dans l'est du pays.Et on peut lire ensuite le récit de l'envoyé spécial de La Croix dans cette ville déjà éprouvée par la guerre car tombée dans les premiers instants, puis libérée, puis à nouveau sous un feu russe constant depuis plusieurs jours. Une situation unique, le journal le rappelle. Si la contre-offensive ukrainienne « n'avance que très lentement, avec des gains territoriaux encore marginaux, elle place partout les troupes de Moscou en position défensive ».Mais pas à Koupiansk écrit La Croix. Ici, « les soldats russes multiplient les assauts pour avancer » à grands coups de frappes aériennes destructrices. Suit une triste promenade guidée par des habitants en colère, des « naufragés de la guerre » nous dit La Croix, condamnés « à errer ici, dans ces avenues désertes » surtout peuplées de militaires. D'autres arrivent à fuir, grâce notamment au travail d'associations. Oksana, citée dans l'article, a mis du temps à se décider, mais elle est finalement partie, emmenant avec elle ses trois chats et ses trois chiens. On ne laisse personne derrière, juste sa maison. À la sortie de la ville, raconte La Croix, un policier lui demande si elle compte retourner chez elle. Elle répond : « Peut-être quand la guerre sera terminée ».