Quel est le sacrifice d'Hitobashira ?

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Parmi les nombreux rites qui ont pris corps dans le Japon médiéval, certains semblent totalement étrangers à notre mentalité occidentale, imprégnée de morale judéo-chrétienne. C'est le cas, par exemple, du "hitobashira". Très ancienne, cette tradition, qui remonte au moins au IVe siècle, se maintient sans doute jusqu'à la fin du XVIe siècle ou même au début du XVIIe siècle. Elle consiste à faire un sacrifice humain. En effet, en vertu de cette pratique, une personne était enterrée vivante sous le pilier d'un pont ou sous les fondations d'un barrage ou d'un château. Ces sacrifices permettaient de se concilier les "kamis", des esprits ou des divinités présents dans la religion shintoïste. Dans l'esprit des Japonais de cette époque, cette précaution permettait de préserver ces ouvrages contre des catastrophes naturelles, et notamment des inondations. La pratique du "hitobashira" est en effet très liée à l'action de l'eau. De tels sacrifices étaient également pratiqués quand la construction d'un édifice paraissait difficile ou périlleuse. Les personnes sacrifiées sont parfois prises au hasard. Une ancienne chronique cite le cas d'une femme capturée alors qu'elle passait le long d'une rivière et enterrée vivante à l'endroit où devait se construire un pont. Dans d'autres cas, des personnages importants ont des visions ou des rêves, qui leur désignent les personnes à sacrifier. Ce qui est le plus étonnant, du moins pour nos mentalités, c'est que les personnes désignées acceptent souvent leur sacrifice. L'individualisme a toujours été moins répandu au Japon qu'en Occident. Se sacrifier au bien commun, comme le faisaient les kamikazes durant la guerre, paraît assez naturel aux Japonais. Ce qui ne les empêche pas de tirer profit de leur sacrifice. Ainsi rapporte-t-on qu'une femme désignée pour être ensevelie à l'endroit où un château devait être construit, accepte son sacrifice à condition qu'un de ses enfants devienne samouraï. Ces sacrifices humains sont encore attestés au XVIe et même au XVIIe siècle. Fort heureusement, de telles pratiques ont totalement disparu aujourd'hui. Mais la rumeur populaire prétend que l'esprit des personnes sacrifiées vient encore hanter les ouvrages au pied desquels elles ont été enterrées vivantes. Learn more about your ad choices. Visit megaphone.fm/adchoices

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