Barrage ukrainien : la catastrophe qui s'annonce ... - 06/06/23

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C dans l'air du 6 juin : Barrage ukrainien : la catastrophe qui s'annonce ... LES EXPERTS - ALAIN BAUER - Professeur de criminologie - CNAM, responsable du pôle sécurité, défense, renseignement - AMIRAL MICHEL OLHAGARAY - Ancien commandant de l’école navale - NICOLE BACHARAN - Politologue et historienne - PAUL GOGO - Journaliste - Correspondant à Moscou - BRUNO CHAREYRON (en duplex) - Ingénieur en physique nucléaire, laboratoire de la CRIIRAD C’est l’une des catastrophes que redoutait l’Ukraine depuis le début de la guerre. Le barrage hydroélectrique de Kakhovka dans le sud du pays, entre la ville de Kherson et la centrale nucléaire de Zaprojia, a été partiellement détruit ont affirmé ce mardi 6 juin la présidence ukrainienne et les autorités d'occupation installées par la Russie dans cette région. Kiev a dénoncé un "crime de guerre" de l'armée russe et a demandé une réunion d’urgence du Conseil de sécurité à l’ONU. L’OTAN a condamné la "brutalité" de la guerre menée par la Russie. Cette attaque contre le barrage ukrainien donne une "nouvelle dimension" à la guerre menée par la Russie a estimé, de son côté, le chancelier allemand Olaf Scholz. Situés sur la rive est du Dniepr, le plus grand fleuve d'Ukraine, la centrale de Kakhovka et son barrage sont restés sous contrôle russe, y compris après la reprise de la rive ouest par l'armée ukrainienne en novembre dernier. En octobre, lors d'une réunion du Conseil de l'Europe, Volodymyr Zelensky rapportait avoir des informations selon lesquelles les occupants russes avaient miné l'édifice. Ce mardi son conseiller Mykhaïlo Podoliak a affirmé que la Russie a "fait sauter" l'ouvrage pour "créer des obstacles pour les actions offensives des forces armées" ukrainiennes, alors qu'une contre-offensive a commencé. Après la rupture de digue de cet ouvrage qui retenait un bassin long de 200 kilomètres et large de 20, des centaines de milliers d’habitants ont reçu l’ordre d’évacuer. Mais au moins 24 localités sont d’ores et déjà inondées, et des dizaines d’autres sous la menace, en raison d’une lente, mais inexorable, montée des eaux dans le delta du fleuve Dniepr. "Des mesures d’évacuation sont en cours" par train vers Mykolaiv a expliqué le Premier ministre ukrainien. Mais elles s’effectuent sous les bombardements continus de l’artillerie russe qui ont blessé deux policiers, a affirmé le ministre de l’Intérieur ukrainien. Le conseiller de la présidence ukrainienne a également alerté sur le danger qui "augmente désormais rapidement" pour la centrale de Zaporijjia. Située à 150 km au nord-est de Kakhovka, la centrale nucléaire utilise l'eau retenue par le barrage pour refroidir son combustible. Sa destruction fait donc craindre une baisse du niveau en amont, qui ferait peser une nouvelle menace sur la sécurité du site. L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), qui dispose d'experts sur place, a affirmé mardi matin qu'il n'existait "pas de danger nucléaire immédiat". Pour l'AIEA, le bassin de refroidissement "sera suffisant pour alimenter la centrale en eau pendant des mois", sans écarter un risque à plus long terme. Côté russe, le Kremlin a dénoncé un acte de "sabotage délibéré" de Kiev afin de couper une source d'eau essentielle pour la Crimée et de détourner l'attention d'une contre-offensive "chancelante" contre les forces russes. La veille la Russie avait affirmé avoir repoussé une "offensive de grande envergure" dimanche "dans la direction du sud de la région de Donestk" dans le Donbass. Ce que les autorités ukrainiennes ont démenti. "Les propagandistes russes vont répandre de fausses informations sur la contre-offensive, les mouvements et les pertes" de l'Ukraine, a écrit le centre des communications stratégiques de l'armée, sur Telegram, accusant la Russie de préparer de fausses vidéos et images censées montrer des pertes ukrainiennes. Depuis quarante-huit heures, les évènements s’accélèrent en Ukraine et la bataille de communication que se livrent Kiev et Moscou s’intensifie. Ainsi plusieurs radios russes, victimes d'un piratage, ont diffusé lundi un faux discours du président Vladimir Poutine faisant état d'une "invasion" ukrainienne et annonçant la mise en place d'une loi martiale dans les régions frontalières de l'Ukraine. Une fausse prise de parole de Vladimir Poutine qui a également été diffusée à la télévision russe, créé sans doute en utilisant la technique dite du deepfake. Celle-ci permet de truquer une vidéo grâce à l’intelligence artificielle (deep learning), en remplaçant par exemple le visage et la voix d’une personne sur une vidéo, par ceux d’une autre personne. Ce n’est pas la première fois que cette technique est utilisée depuis le début du conflit. En mars 2022, la chaîne nationale Ukraine 24, victime d'un piratage, avait diffusé une vidéo truquée de Volodymyr Zelensky, dans laquelle le président ukrainien appelait son pays à "rendre les armes". La bataille de l’information, donnée clef en temps de guerre, se mène désormais avec l’intelligence artificielle alors que sur le terrain les drones se sont imposés comme une arme stratégique. Alors quelle est la situation autour du barrage de Kakhovka ? Est-ce un tournant dans le conflit ? Enfin comment l'intelligence artificielle va changer la guerre ?

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