Tondue de Chartres : “À la Libération, il y a une sévérité particulière envers les femmes”
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Découvrez l’abonnement "Au Coeur de l'Histoire +" et accédez à des heures de programmes, des archives inédites, des épisodes en avant-première et une sélection d'épisodes sur des grandes thématiques. Profitez de cette offre sur Apple Podcasts dès aujourd’hui ! Pour écrire son roman Vous ne connaissez rien de moi (éd. JC. Lattès), Julie Héraclès est partie… d’une photo : La Tondue de Chartres, immortalisée à la Libération le 16 août 1944 par Robert Capa. La romancière essaie d’imaginer un destin que les historiens ne sont pas parvenus à reconstituer entièrement. Mais la Tondue de Chartres, de son vrai nom Simone Touseau, ce n’est pas n’importe qui. C’est le symbole de l’épuration d’après-guerre qui s’abat sur les collaborationnistes et punit les femmes là où elles ont péché avec l’ennemi : en s’attaquant à leur corps. Pour mieux comprendre les mécanismes de l’épuration et décrypter cette photo mythique, Virginie Girod échange avec Fabrice Virgili, historien, co-auteur de 'Les Françaises, les Français et l’épuration' paru aux éditions Gallimard. L’épuration commence dès l’Occupation, 'avec des actions qui vont être de plus en plus violentes. On commence par une lettre anonyme de menace et on termine par des exécutions à domicile de collaborationnistes' explique Fabrice Virgili 'Il s'agit de faire passer un peu de la peur dans l'autre camp'. 'Du point de vue du droit, il faut se rendre compte que cette collaboration est nouvelle. Il y a une définition légale qui va être élaborée par la France libre, par des juristes comme René Cassin' rappelle l’historien 'Mais pour n'importe quel français sur le territoire, il y a une vision très locale, personnelle de la collaboration. [Pour eux], la collaboration c'est tout ce qui semble être de l'ordre de l'indignité'. Une notion floue, qui va notamment toucher les femmes. Si le droit élaboré pour punir les collaborateurs ne prévoit pas de différence entre les genres, 'au moment de la Libération, il y a une sévérité particulière envers les femmes' souligne Fabrice Virgili. 'Parce qu’elles sont des femmes, elles vont subir ce châtiment très spécifique de la tonte'. Au total, 20 000 femmes vont être tondues, prises en photo et forcées de défiler. C’est le sort que va subir Simone Touseau, qui est en plus marquée au fer rouge sur le front. Originaire de Chartres, ses années d’adolescence sont bercées par un 'philo-nazisme' familial. Quand les Allemands s’installent à Chartres, Simone Touseau travaille comme secrétaire à la Kommandantur et tombe amoureuse d’un soldat allemand. 'Comme souvent, une forme de collaboration n'est jamais totalement indépendante des autres : fréquentation, travail, expression d'opinions pronazies et puis on a effectivement des relations amoureuses et sexuelles” détaille Fabrice Virgili. Simone Touseau est également accusée d’avoir dénoncé des résistants. Une enquête est menée mais ne parvient pas à prouver les dénonciations. Condamnée à dix ans d'indignité nationale, on ne sait pas ce qu’elle est devenue ensuite. Thèmes abordés : Seconde Guerre mondiale, Occupation, épuration, collaboration 'Au cœur de l'histoire' est un podcast Europe 1 Studio- Présentation : Virginie Girod - Production : Camille Bichler et Nathan Laporte- Réalisation : Pierre Cazalot- Composition de la musique originale : Julien Tharaud - Rédaction et Diffusion : Nathan Laporte- Communication : Kelly Decroix- Visuel : Sidonie Mangin